S02 - E05 - Des Felges à Saint-Etienne Vallée Française (21 kms)

Une fois désaltérés avec le traditionnel verre de sirop d’accueil — rituel quasi sacré des marcheurs assoiffés — tout le monde file à la douche. Le repas suit, dans un silence presque religieux : chacun digère la journée plus qu’il ne déguste son assiette, lessivé mais heureux.



Après une nuit réparatrice, nous attaquons la matinée. Frédéric, avec son flair de gourmet, avait demandé du lait de chèvre. Corine, la tenancière, lui avait gentiment répondu que non, impossible. Au final, c’est Bernard qui s’est retrouvé, à son insu, gratifié du précieux breuvage. Allez comprendre…


Nous disons au-revoir à Marie-France, retenue par des obligations impérieuses qui la privent, hélas, des plaisirs des prochains kilomètres.

Pour éviter de se farcir 4 km de marche arrière (il y a des limites à la passion de la randonnée), nous optons pour une variante plus courte.
Nous descendons par le chemin de Laura, attrapons la nationale au vol, puis après une petite glissade en contrebas, nous enjambons la rivière sur un charmant pont de bois. Tout ça avec une élégance toute relative.

La montée vers le col des Laupies débute tranquillement. Là-haut, c’est symbolique : on passe pile sur la ligne de séparation des eaux. On se sent presque importants à marcher sur ce fil invisible qui décide du destin des rivières.

Enregistrement d’un épisode de « Food trip »
La suite est une bénédiction : large chemin ombragé, en pente douce, parfait pour rêvasser sans trébucher.

Quelques kilomètres plus tard, nous amorçons la descente sur Saint-Germain-de-Calberte, le ventre déjà en train de réclamer son dû.


Nous arrivons pile à temps pour faire le plein : pain à la boulangerie, charcuterie à la boucherie, reste à l’épicerie. Une belle place ombragée en terrasse de café nous tend les bras. Ni une ni deux, nous nous installons, fidèle à notre rituel sacré : la bière d’étape. Frédéric, fidèle à lui-même, ne résiste pas et commande une bouteille de blanc. À ce stade, ce n’est plus un apéritif, c’est un art de vivre.

Il ne reste que 9 km quand, une heure et demie plus tard (ne soyons pas pressés), nous repartons tant bien que mal.

Le début de l’après-midi est efficace, mais la chaleur monte insidieusement au fur et à mesure que nous descendons. À ce rythme, on finirait presque en soupe.

À trois kilomètres de Saint-Germain-de-Calberte, nous tombons sur un petit stand de produits locaux et, par-dessus le marché, sur son propriétaire. Discussion improvisée, découverte : il a une connaissance en commun avec Bernard et Claudine à Narbonne. Comme quoi, le monde est petit, même au milieu des montagnes.



Les quatre derniers kilomètres sont une épreuve : bitume brûlant, température affichant 33 degrés. Il faut bien le dire, ces kilomètres-là, on les a un peu maudits.
À l’entrée de Saint-Étienne-Vallée-Française, nous longeons le Gardon de Saint-Martin. Là, Frédéric, saisi par une soudaine révélation intérieure, répond à l’appel de l’eau : direction baignade express.


Apollon et ses groupies
Enfin, nous posons le pied au village, où nous attend Didier, notre hôte. Surprise de dernière minute : à cause d’un désistement, il faudra se séparer. Les trois filles partent pour un gîte à trois kilomètres, tandis que nous, restons au cœur du village.

Pas de panique, le dîner sera pris ensemble, et Didier s’est engagé à jouer les chauffeurs pour nous ramener plus tard. Grand seigneur.



De retour au gîte, une bouteille de vin nous attend, posée là comme une ultime récompense. On trinque, on refait le monde — et on se dit qu’on est drôlement bien, finalement.
