S02 - E07 De Mialet à Alès, par le GR70 pour les courageux, et par la route pour les autres

Au gîte « le foyer de Roland » Sylvain et Claudine s’affairent en cuisine pour accommoder les victuailles que j’avais transportées dans mon cabas Super U depuis Saint Jean: des melons, de la saucisse sèche locale, des pâtes, des lardons, de la sauce tomate, des petits fromages du coin, et une tarte aux pommes.

Au réveil, nous apprenons que Coralie et Frédéric sont bien arrivés, à presque 1 h du matin. Quant à Mathieu, bonne nouvelle : il est bien rentré chez lui.

Ce matin, nos courageux irréductibles partent à 7h50! Le record de la semaine. Je reste au gîte à boire du thé et à lire le récit de Stevenson - à la librairie de Saint Jean du Gard, j’ai aussi acheté 3 bouquins dont celui-ci, on ajoute les 2 bouteilles de vin que j’ai trouvées chez le caviste, mon cabas de courses et mon sac à dos…. Mathieu n’a eu aucun mal à m’identifier sur le parking où je l’attendais !
Vers 9 heures, le tonnerre commence à gronder puis tout de suite après c’est des trombes d’eau sur la terrasse du gîte. Xavier m’envoie une photo, ils sont tous les 4 encapuchonnés sous leurs ponchos !

Nous prenons le départ à 7 h 50, avec un premier arrêt hautement stratégique… aux poubelles, pour y déposer les cadavres de la veille. Il s’agit des bouteilles vides, pas des randonneurs épuisés.

Le chemin commence en douceur, mais très vite, nous attaquons une côte qui s’étire sur 6,5 km. Pendant que nos mollets travaillent, nos yeux restent rivés sur les nuages noirs qui s’invitent au-dessus de nos têtes. Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva : une goutte, puis deux, et voilà le vent qui se lève, comme pour rendre l’expérience plus vivante. Ni une ni deux, nous dégainons les ponchos à une vitesse qui ferait pâlir un cow-boy et nous nous recroquevillons dessous.

Franck, notre hôte au foyer Roland à Mialet, nous avait vendu l’étape comme « relativement aisée » et surtout, avec une vue à 360 degrés. Sur le papier, ça faisait rêver. En réalité, arrivés en haut, la vue à 360 degrés est bien là… mais empaquetée dans un élégant écrin de brouillard.


Nous poursuivons. D’après Franck, après le sommet, c’était plat sur la crête avant la descente vers Alès. Avec, promis, juste un petit passage nécessitant les mains. Ah oui ? En fait, pendant un bon tiers du parcours, c’est un festival de cailloux de toutes tailles, agrémenté de multiples passages où les mains sont plus que conseillées. Le tout, pimenté par deux bons orages qui ont transformé le sol en patinoire rustique.




Malgré ces péripéties (et quelques raccourcis qu’on qualifiera d’« inspirés »), nous atteignons Alès à 14 h 30, où nous retrouvons Françoise, tranquillement installée sur un banc devant la gare, plongée dans son livre, l’air de dire : « Ah, vous voilà enfin ! »
Nous, on a surtout un objectif en tête : honorer notre rituel sacré. Et c’est ainsi que, pile à l’heure, nous célébrons notre arrivée autour de la traditionnelle bière. Parce qu’après tout, marcher, c’est bien… mais arriver, c’est encore mieux.

De mon côté l’heure avance, je quitte le gîte pour l’arrêt de bus, il pleut toujours un peu. Sous l’abri bus des silhouettes: je retrouve Mary vue plusieurs fois depuis Chasseradès. Elle a pris l’averse en venant de Saint Jean et cherche les horaires des bus, mais hésite encore à continuer à pied. Finalement, voyant que la pluie continue, elle prend le bus avec moi.